Gestes Inspirés, un titre est en hommage à la pensée du philosophe Jean-Luc Nancy, un des rares qui a su parler avec justesse et sensibilité de l’épaisseur des corps en gestes.

Cette série de photographies commentées est issue d’un travail «à la marge», réalisé avec 12 étudiants du Master en Ergonomie de Lyon 2, sur les dimensions sensibles des gestes de métier. 

Ce que les gestes, incarnés, donnent à voir du vécu du métier, ce qu’ils racontent quand on entre dans les entrailles du corps expressif et sensible. Les gestes sont alors vus dans leur musicalité, leur chorégraphie, et leurs sensations; dans les rencontres qui s’y créent toujours, avec les objets, les matières, les autres… et soi-même.

Dans ce très court exercice, ce ne sont pas les qualités graphiques ou esthétiques de la saisie photographique qui importent mais bien la qualité du regard de celui qui observe et raconte sur la base de cet instant du geste.

Ce travail académique s’est traduit sous forme d’exposition photographique, présentée à l’occasion du 56ème Congrès de la Société d’Ergonomie de Langue Française (SELF), avec l’ambition de montrer la fécondité théorique et pratique de recentrer l’analyse de l’activité sur les dimensions sensibles qui se donnent à voir dans la saisie de l’expressivité corporelle des gestes. 

Vous pouvez parcourir ici une version « augmentée » de l’exposition, structurée autour de trois grands axes:

Dans les gestes étudiés, il y a ceux qui dévoilent des habiletés et des savoirs sensoriels experts. Crêpier, Barista, Pizzaiolo jouent des liens sensibles aux matières pour atteindre les résultats escomptés. Ils adaptent leurs gestes à la matérialité (autre forme de corporalité car organique) dans une connaissance parfaite du comportement de ce partenaire particulier.

Certains gestes comme celui du cuisinier d’une collectivité ou d’une infirmière du travail, montrent en quoi les gestes sont aussi des marqueurs des mutations sociales et sociétales. Nouveaux gestes, nouvelles danses, nouveaux rythmes, ou rythmes particuliers, rappelant notre humanité dans le travail (Infirmière dans un centre de don sanguin).

Et puis, il y a ces gestes qui dévoilent des phénomènes plus profonds. Le geste apprenant, et jubilant du rapport corporel au métier, se co-construisant dans ce milieu alternatif (le soudeur). Le geste qui crée, se libère et libère (la graphiste), s’émancipe et émancipe (l’artisane tapissière) dans le rapport charnel aux choses.

Images et textes vous ont-ils inspiré?

(C) Carole Baudin - Émailleuse sur métal - Inès Hamaguchi, Suisse.